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Musique et machisme

Les "Congo" et le rêgne du machisme

mercredi 26 décembre 2007, par Jocelyn

Je suis tombé sur un super article faisant le parallèle entre la musique Congolaise et les mœurs sociétaux ; j’ai franchement apprécié l’analyse. On n’est pas obligé d’être d’accord avec tout mais ça vaut le coup d’œil. Je me permets de mettre un extrait et un lien menant vers l’article complet.

[...] Nous sommes tous conscients de la place qu’occupe Franco Luambo Makiadi, un des animateurs de la rumba congolaise contemporaine.
Ce musicien talentueux savait scruter la société congolaise, et nous pouvons dire, sans risque de nous tromper, qu’avec sa mort, nous avons perdu un des chroniqueurs sociaux de notre continent. La femme est bien entendu au cœur de sa création – et même les quelques exemples de machisme que nous soulignerons plus loin montrent la conception que nous avons consciemment ou inconsciemment du rôle de la femme. Il faut dire, à sa décharge, que ce musicien talentueux n’a pas non plus épargné les hommes – mais cela ne s’appelle plus du machisme, je dirais plus de l’autoflagellation. Les hommes, dans ses textes, pouvaient être par exemple des Mario (sorte de gigolo entêté)...

Une des premières chansons de Franco qui me vient à l’esprit est tiré d’un album consacré au 20ème anniversaire d’OK JAZZ. Le titre de la chanson en lui-même est tout un programme : Matata ya mwasi na mobali ekoki kosila te (Les ennuis entre l’homme et la femme ne datent pas d’hier). C’est une sorte de questionnement sur les rapports que nous entretenons avec l’autre sexe. Ici la femme est présentée comme la source des tracas de l’homme. C’est elle qui est à l’origine de tout. C’est la diablesse désignée sans voies de recours. Et Franco se pose la question originelle : Dieu a-t-il crée l’Homme afin qu’il travaille toute sa vie durant pour la femme, qu’il la nourrisse alors que lui-même passe l’année entière avec une seule chemise et un seul pantalon ? Plus loin, le musicien fait le constat suivant : C’est la femme qui nous a mis au monde, et c’est encore elle qui nous cause des misères !
Dans ces conditions, Franco regrette que sa descendance ne soit constituée que de filles et non de garçon. Alors, il dit : Dieu m’a presque maudit en me donnant comme enfants des filles qui, plus tard seront, qu’on le veuille ou non, la cause des malheurs de hommes. Dans la même chanson, Franco réduit considérablement le rôle de la femme. Elle est reléguée au second plan. A la cuisine, au service exclusif de l’homme. Et l’homme ne se prive pas de marquer son territoire dans une espèce de dictature conjugale. La femme, elle, n’a pas le droit à la parole.
Franco lance en effet : « Lorsque je reviens à la maison pour me reposer, après quelques affaires dans la ville, la femme me demande d’où je viens, ce que j’ai fait, mais qui donc lui a donné l’autorisation de me poser de telles question alors que c’est moi qui l’ai épousée avec mon argent ! » Plus loin encore, la femme est désignée comme source de mensonges, d’hypocrisies. Elle peut te dire qu’elle est malade, souligne Franco, et tu finis tout ton argent dans les médicaments alors qu’elle est en train de te rouler dans la farine !
[...]


Voir en ligne : De la misogynie dans la chanson congolaise : Luambo Makiadi “Franco”, Youlou Mabiala et les autres
(Alain Manbackou)