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Le clan Boboto

Karis

Jeunesse trouble

vendredi 10 juillet 2009, par Doszen

[...] J’ai été sur un nuage pendant des mois oubliant totalement l’absence de papa. Je traînais avec les filles les plus branchées du quartier et du lycée et je vivais une histoire d’amour en cachette de mes frères. C’était tellement excitant de briser les règles ; de tenir tête à Mina quand il voulait m’interdire de traîner avec « La gaza » ; le laisser s’étouffer de rage et menacer de briser les filles si jamais elles m’entraînaient dans des plans foireux avec elles. Ce n’était pour moi que des fausses pistes pour cacher ma vraie vie hors de cet univers qui m’étouffait.
De plus en plus loin de la « zone », de plus en plus souvent loin de ma famille ; j’avais l’impression d’être devenu quelqu’un d’autre, d’être une grande fille à qui on parlait avec des fleurs, du respect et même de l’admiration. Loin de la zone mon corps, mes formes d’adolescente grandie trop vite faisaient de moi le centre d’intérêt que je n’étais plus chez moi ; et on s’en foutait que je n’aie que treize ans ; j’en faisais quatre de plus et là-bas personne ne savait la vérité.
Je voulais de plus en plus souvent me réfugier dans cet autre univers car je ne supportais pas de voir ma mère feindre la zenitude alors que je la savais malheureuse. Chaque fois que je la voyais, les visages de mon père et de cette femme me revenaient, et je ne pouvais pas m’empêcher de me sentir responsable de son malheur. C’est moi qui avais introduit cette salope dans notre maison en la bousculant dans ce magasin, c’est moi qui les avais fait se retrouver, c’était moi la responsable de l’explosion de ma famille. [...]


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