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Jet d’encre

« La reine du tango » de Akli Tadjer

samedi 29 avril 2017, par Doszen

« Suzanne a grandi seule avec sa mère, La Reine du tango, une danseuse magnifique qui a connu tous les succès, toutes les gloires. Disparue trop jeune, elle a laissé à sa fille sa passion de la danse, des souvenirs éblouissants et une peur immense de l’abandon. De cette enfance, Suzanne n’a gardé que le tango qu’elle enseigne sans oser le danser, et un vieil ami de sa mère, qui s’éteint à l’hôpital.
Pour vivre pleinement et enfin danser comme la Reine du tango, Suzanne doit retrouver les clés de cette enfance, comprendre qui était sa mère, apaiser ses peurs et surtout rencontrer un homme capable d’être son partenaire dans la vie et sur scène.
Lorsqu’elle croise Yan, un petit voleur, elle est prête à tout. » - Éditeur

« La vie sait se montrer extrêmement garce avec les malfoutus. »

Une jeune prof de tango, un peu paumé dans sa vie parisienne, qui a quelques comptes non réglés avec son passé, avec une image omniprésente, écrasante, de sa défunte mère, star du tango argentin. Une jeune dame que son héritage écrase, qui reste sur le bas-côté de sa passion.
Un jeune homme de banlieue. Beau gosse, classe, gouailleur, braqueur de profession et qui attire, qui exhale, en animal charismatique, les hormones de la jeune dame. La belle et le Bad-boy ; cliché façon son urbain à la Solaar ? Oui, un peu. C’est un peu cliché cet amour qui nait d’un coup de sexe sensé être one-shot entre ces deux être qui viennent de milieux totalement différents. Mais quand l’histoire est aussi belle, on prend le cliché avec le sourire.

Attention cependant à ne pas croire que Akli Tadjer, dans cette "Reine du Tango", ne fait que mettre deux caricatures de leurs mondes respectifs dans un huis-clôt amoureux façon Arlequin. Ce serait risquer de passer à côté d’un livre autrement plus dense. Un livre qui ne s’apitoie pas, qui ne cherche pas à tirer les ficelles de la rencontre des 2 rives du périphériques. Ce livre parle surtout de passion. De passion amoureuse qui mène l’homme aux limites d’un destin à la Dexter, passion d’un groupe d’élève pour cette danse qu’il apprennent en offrande, passion pour le Tango ; le Tango argentin qui est décrit, expliqué, exalté et tellement bien conté que le lecteur que je suis a passé des heures sur Youtube à découvrir les musiques Suzanne. Et surtout cet Astor qui revient comme une antienne tout au long de ce roman.

« J’explique que le tango et la danse orientale ont en commun de faire appel à l’amour. Pas l’amour sentimental ou cérébral, mais l’amour dans ce qu’il a d’instinctif et de pulsionnel. Nora sourit. Désormais, lorsqu’elle remuera des fesses, elle ne pensera qu’à la baise. Elle ferme les yeux, se concentre, se lance. Ce n’est guère mieux qu’avant. Autant pour elle ; elle avait à l’esprit son mari. Elle recommence. C’est beaucoup mieux. Normal, elle pensait à son amant. Il l’avait prise, juste avant le cours, dans un ascenseur en partance pour le septième ciel. »

Voilà un livre très intimiste sur l’amour pour la danse, le tango, l’amour d’une fille pour sa mère, pour l’amour tug-life envers le sémillant Yan, et la tragédie qu’apporte Diego, l’ami-père Diego. Bien qu’il y ait un côté un peu gnian-gnian dans cette histoire d’amour, bien que l’on eut souhaité plus de noir polar sur le fil du flic, limite psychopathe, amoureux (ça se termine vraiment trop banalement) ; il n’en reste pas moins que ce fut un beau moment de lecture.
Un très beau roman. Bravo au prix Ethiophile pour ce livre que j’ai pioché dans la sélection 2017.


La reine du tango

Akli Tadjer

Éditions J-C Lattès