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Jet d’encre

« Le Glamour » – ou la sensuelle amnésie

Christopher PRIEST

mercredi 5 août 2015, par Doszen

Le Glamour – Christopher Priest

« Un ancien mot écossais, passé dans la langue anglaise avant que le sens n’en soit corrompu. A l’origine, un glammer était un sortilège, un enchantement. Un amoureux allait trouver la vieille la plus sage du village et la payait pour envelopper son aimée d’un charme d’invisibilité qui empêchait les autres jeunes gens de la convoiter plus longtemps. Une fois affectée du glamour, elle n’avait plus rien à craindre des yeux fureteurs. »

Je ne pensais pas que ça m’arriverait encore. Je ne pensais pas qu’on arriverait encore à m’avoir de cette façon, j’ai cru que le Final de "Lost" serait la der des der, l’ultime frustration. Mais non. Christopher Priest vient de faire – presque – pire.

Le "Glamour", de Christopher Priest est un roman de l’envie. Envie de me replonger dans de la Science-Fiction, mon premier et indétrônable amour, moi qui, à cause ou grâce à mes activités littéraires, me suis beaucoup focalisé sur les littératures des Afriques depuis quelques temps. J’ai donc pioché en premier ce "Glamour", acheté après une superbe rencontre avec l’auteur britannique dans la très belle librairie Charybde.

Je m’y suis plongé avec l’excitation d’un matelot qui revient à terre. Les premières pages m’ont tout de suite drainé dans l’intrigue. Richard Grey, journaliste-report célèbre, est victime collatérale d’un attentat, est en convalescence dans une clinique où il soigne son corps, mais aussi son cerveau car il souffre d’amnésie partielle. Il ne se rappelle plus des derniers mois de sa vie. Quand Sue, qui se présente comme sa petite amie, débarque dans sa vie avec son lot de problèmes (un ex amant, Niall, collant et dangereux) et un mystérieux pouvoir, Le Glamour, ou la capacité à être invisible, la vie de Richard prend un coup d’accélérateur.
Je n’ai pas compris comme ce gâteau qui se présentait si bien s’est écroulé dans le four. Un premier tiers qui se déroule dans l’hôpital tire en longueur. Le jargon scientifique sur les types d’amnésie ça va un moment, ensuite ça lasse. L’arrivée de Sue dans la vie de Richard également tire en longueur, le mystère, à force de s’épaissir et de se cacher, en perd de son piment et suscite même une pointe d’agacement.

Dans le dernier tiers du livre, les choses se complexifient. Le pouvoir du Glamour, cette communauté d’invisibles et ces hommes qui vivent parmi nous mais que nous ne pouvons pas remarquer, c’est super !
Le personnage de Niall, en ex psychopathe et dangereux nous prend aux tripes. Mais ça ne dure qu’un temps…
La scène de viol de Sue par un Niall invisible aurait dû me mettre la puce à l’oreille. N’importe quoi ! Même Marc Levy dans son "Et si c’était vrai…" (Bien pourri d’ailleurs. Il n’y aurait pas eu ce matraquage médiatique autour de ce livre j’aurai presque pu croire que je n’ai pas perdu mon temps) n’a pas osé ce fantasme misogyne caricaturale.

Et, le final ? Mon Dieu… Comme je l’ai dit en préambule, même les scénaristes de "Lost" n’ont pas atteint ces sommets de foutage de gueule. Ce final est nullissime. En fait, avoir accumulé autant de pages, autant de thèmes qui, pris séparément, étaient tout à fait intéressants (La mémoire, le voyeurisme, le sentiment de solitude dans nos mégalopoles urbaines…) ; Christopher Priest nous donne le sentiment de n’avoir pas eu assez de matière pour démêler les fils de son intrique qu’il a complexifiée de plus en plus. Et si réellement, dès le départ, c’était le point de chute vers où il voulait aller, je ne peux que dire "Mea culpa, le lecteur que je suis n’a absolument pas compris votre propos ni le chemin sur lequel vous avez souhaité m’entrainer."

« Ainsi se termine l’histoire. Je doute que cette fin te convienne. La vie n’est pas ordonnée. Tout n’est pas bien qui finit bien. Il n’y a pas d’explication. »

L’avis de Charybde sur ce livre.


Le Glamour

Christopher Priest

Éditions Denoël