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Virées du week-end
"Champs de Son", spectacle d’enjaillement maximum
lundi 1er mars 2010, par ,
Je suis bluffé, scotché, traumatisé.
Je n’avais pourtant pas de motivation particulière pour aller voir ce spectacle "Champs de Sons". On – ce fameux "On" – me l’avait présenté comme un one-man-show mélangeant slamm et jeu de comédien. Un truc de contes initiatiques africain. J’anticipais déjà deux heures soûlantes d’un masturbage de cerveau bien space style "L’aventure ambiguë" de C. Hamidou Kané.
Mais bon, je n’étais pas allé au théâtre depuis un bout de temps et ma dose de "spectacle vivant" mensuel commençait à sérieusement me manquer. Et en plus je n’avais rien prévu de plus excitant comme plan B ce week-end.
A mon arrivé au THÉÂTRE DE LA REINE BLANCHE rien que du classique. Comme pour toutes les petites salles parisiennes, et tous les spectacles qui n’en sont qu’à leur début, il n’y avait pas des tonnes de paires d’yeux pour assister à la performance scénique qu’allait nous faire Mr Emile Abossolo-mbo. Heureusement pour moi ma toute jeune expérience de théâtreux m’a déjà enseigné que le talent ne se mesurait que très rarement à l’aune du buzz généré ou de la foule drainée par un artiste.
Pour être honnête le début du spectacle m’a fait flipper. Ok, j’étais épaté par la performance oratoire, par ce type installé sur scène vers qui les mots de toutes consonances semblaient courir pour avoir l’honneur d’être débité par lui. Mais ce flot étourdissant de paroles… c’était trop !
Avec un débit incroyable Emile Abossolo-mbo alignait les phrases, faisait se succéder les concepts en usant – et abusant ? – de symbolismes qui me perdaient total. J’avais envie de l’arrêter dans sa cavalcade et lui dire "ho, ho, garçon ! Du calme s’il te plaît. Arrête de m’embrouiller l’esprit avec ton blabla, reprend ton souffle, bois de l’eau fraîche et dis moi calmement où tu veux en venir !"
Puis petit à petit le brouillard a commencé à se lever, tout doucement je suis rentré dans la mécanique du récit, j’ai laissé Emile jouer avec mon cerveau pour qu’il s’imprègne de son message. Et la lumière fut.
Les leçons de son vieux GPS – Grand Père Spirituel – WINTAKA ont pénétré mon esprit aussi profondément que l’air de son chant qui traine encore dans mon cerveau.
L’image de son amie, que dis-je, petite-amie - ou était-ce sa femme ? - CURIOSITE m’est apparue, vivace, rigolote, inquisitrice et toujours bienvenue.
Les hurlements stridents de Mr AFANA m’ont rappelé à mes maitres d’école qui ne concevaient l’instruction qu’à base de taloches retentissantes et régulières.
La verve rebelle de WAHAH – ne dites surtout pas Vahaa – était celle de tant d’amis adolescents aux cœurs révolutionnaires qui jalonnent nos parcours à tous.
Mr Emile Abossolo-mbo fait un spectacle, c’est vrai, mais quel type de spectacle est-ce ?
Son style totalement slammique est une gifle. Un torrent de mots assenés comme des gauche-droites vitesse Mohamed Ali. Ils vous engloutissent, vous retournent le cerveau ; mais si l’on tien bon, que l’on évite la noyade, on ressort dégoulinant d’une sagesse nouvelle.
Alors ce truc est un one-man-show comique ? Pfff… que nenni ! Mais il est vrai que cela faisait bien longtemps que je ne m’étais pas gondolé ainsi. J’ai pourtant tout fait pour ne pas laisser mes zygomatiques se décrisper, rien à faire. L’imitation du prof coopérant Plougenoc – si je ne m’abuse – m’a fait – littéralement – péter de rire ; la leçon sur la genèse du Pidjin – "anglais" à la camerounaise – aurais fait exploser, de rire, Vladimir Poutine en personne.
Donc ce spectacle c’était une sorte de stand up à l’américaine ? Hum… non, du tout. Trop restrictif. Emile nous raconte de manière si subtil son histoire que ce ne saurait être simplement ça.
Attendez… Pendant 2h Emile s’aide d’une performance scénique complète – voix, chants, instruments, comédie – pour nous faire en fait un spectacle de… GRIOLISME.
Euréka ! Cet homme est un conteur contemporain, un passeur des histoires, petites comme grandes ; ou plutôt des petites anecdotes qui font les grandes histoires. C’est ça, Mr Emile Abossolo-mbo est un griot !!
Trêve de blablas. Chers lecteurs – et trices – bougez vos derrières et allez voir un vivant dégoulinant de sueur vous raconter une belle histoire.
Allez au théâtre de la Reine blanche applaudir à tout rompre Mr Emile Abossolo-mbo. Moi j’en ai encore les peaumes qui brulent, mais quel enjaillement ce spectacle, mon Dieu que c’était jouissif !
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Champs de Sons (Conte Initiatique)
Les Dimanches 7, 14, 21, 28 mars à 15h30
Les Dimanches 9, 16, 23, 30 mai à 15h30
Les Dimanches 6, 13 juin à 15h30
Voir en ligne : Site officiel