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Palabres autour des arts

Une fin d’année en mode "immigration & littérature"

Les palabres de Décembre 2011

mercredi 18 janvier 2012, par Doszen

Une fois encore les aventuriers de la lecture et du blabla amical se sont réunis au cœur de Paris, dans le restaurant le LOYO pour palabrer autour de l’immigration sur le thème « Les voyages forment la jeunesse ? ».
En fait, il est très vite apparu que le choix des livres avait été fait avec une pertinence et un sens de l’à-propos impeccable - oui, oui, je sais, mes chevilles... - quand on considère le thème de la soirée et le thème de la palabre choisi, "l’enfance au bled" .

Constatez par vous-même :

« Les voyages forment la jeunesse ? » ; Ndack KANE dans "l’ Exil" et Joss DOSZEN - me, myself and I - ont pondu des textes qui touchent le cœur de ce sujet.
Ndack KANE décrit le parcours de 2 étudiants partant du Sénégal et qui vont poursuivre leurs études sous les auspices des universités Canadienne, pour Marième et française pour Osmane. Leurs 2 histoires sont contées en parallèle durant tout le livre, jusqu’à ce qu’elles se rejoignent.
Entre un Osmane qui "galère" dans sa vie d’étudiant étranger en France, avec une vraie difficulté à s’intégrer dans la société qui semble ne pas vouloir de lui, et Marième qui vit pleinement sa vie d’étudiante et son immersion dans la vie canadienne, les expériences sont totalement différentes mais complémentaires.
Les avis de nos chroniqueurs du mois sont assez partagés, non pas quand à l’intérêt du livre, mais quant au contenu.
Grace semble avoir apprécié ce portrait des 2 personnages, le début du livre qui était plein de promesses mais elle a "buggé" quelque peu sur la forme inégale du livre qui switch d’une classique narration linéaire à des longues discussions-débats entre les étudiants et les différences de niveau de langage que cela inclus. Bien que les problématiques abordées par ces étudiants soient, pour elle, à lire et prendre en compte par les étudiants africains quand vient l’heure de se poser la question sur la possibilité du retour.

Staël, lui, semble avoir apprécié la description de la vie "pépère" d’étudiante de Marième versus le parcours-combattants de Osmane qui l’amène à se poser beaucoup plus de question sur la nécessité du retour aux sources.
C’est Staël qui tire le parallèle entre " l’Exil " de Ndak KANE et Le " Pars mon fils, va au loin et grandis " de Joss DOSZEN de par la similarité des parcours du personnage de Osmane (l’Exil) et celui - sans nom - de Joss DOSZEN.
"Pars mon fils, va au loin et grandis" est un parcours assez classique de l’étudiant Congolais qui parcourt l’Europe entière tiré par ses études et sa volonté de réussir. Deux histoires se déroulent en parallèle, comme avec L’exil - coïncidence d’une mystérieuse étrangeté - et au lieu d’avoir 2 personnages, c’est le même personnage qui, depuis sa nouvelle vie anglaise, fait un flash-back historique sur son parcours depuis son départ du Congo en passant par le Sénégal, l’Espagne, etc..., en envoyant de façon hebdomadaire des missives électroniques pour parler de sa nouvelle vie à ses amis.
C’est d’ailleurs cet aspect "bi-conte" que souligne Grace en disant "qu’il faut suivre" car le lecteur peut assez facilement se perdre entre les 2 histoires qui semblent n’avoir aucun lien entre eux. Du moins au début. Sans compter certaines lourdeurs et longueurs de phrases qui mériteraient plus de "simplicité".
Grace insiste cependant sur l’humour omniprésent tout au long du récit, l’ironie et le second degré du personnage qui ne s’apitoie jamais sur son sort bien qu’elle trouve qu’il "galère trop". Staël a lui également apprécié les pérégrinations de cet étudiant galéreur et les nombreuses anecdotes croustillantes qui parsèment son parcours mais met un bémol sur le nombre important d’images et autres "proverbes à l’africaine" qui, de son point de vue, peuvent perdre les non-africains.
Ces 2 livres ont plutôt été appréciés et conseillés par les 2 chroniqueurs en charge du mois.

Si les 2 premiers livres couvraient pleinement le thème de l’immigration sous l’œil « Comprendre le blédard, l’enfance au pays » sous l’aspect estudiantin, les 2 autres livres choisis eux embrassaient super bien le thème du débat "Piment dans la bouche des palabreurs".
Alain MABANCKOU et son "Demain j’aurai 20 ans" associé à Léonora MIANO et son "Contours du jour qui vient", constituent un duo de choc sur ce thème.
MABACKOU choisi de revenir sur enfance africaine sous l’angle de la légèreté du regard d’un enfant. Entouré de l’amour de sa maman, bercé par les mots de la radio de son "papa" en permanence branché sur la "voix de l’Amérique", MABANCKOU nous brosse une réalité africaine des années 70 dans un contexte historique plus large. C’est un enfant qui met ses mots sur des réalités de son temps, qui fait partager ses incompréhensions du monde des adultes et l’émotion de ses découvertes.

GANGOUEUS, grand fan de MABACKOU et Staël qui le redécouvrait après le "Black Bazar" ont été unanimes sur la qualité de ce livre, la facilité avec laquelle on lit le petit Michel et l’histoire de son entourage. Les 2 insistent sur l’humour qu’il y a dans le livre.
En parallèle, MIANO et son "Contours du jour qui vient" fait office de négatif à la photo de MABANCKOU. Négatif, surement pas en matière de qualité comme le souligne Aurore, animatrice du soir et qui a eu un énorme coup de cœur sur cette production de MIANO tout comme GANGOUEUS, également spécialiste de MIANO.
Le terme "négatif" est utilisé pour faire référence à cette enfance noire qui est brossé dans ce livre. Une enfant souffre-douleur de sa maman, maladive car drépanocytaire, et qui prend des coups - physique et morale - dès sa jeune vie d’une violence innommable. Le livre met en exergue cette abominable nouveauté - quasiment inexistante dans les années 80 - que sont les "enfants sorciers" responsables de tous les malheurs de ceux qui n’assument pas leurs échecs.
Ce livre a été ressenti par nos 2 chroniqueurs comme un coup de poing à lire en "accrochant son cœur" mais à ne surtout pas éviter. La seule divergence entre les 2 lecteurs ? Quand Aurore voit une fin "pleine d’espoir et d’amour", GANGOUEUS reste sceptique sur la capacité de pardon que MIANO accorde à cette jeune fille qui semble absoudre totalement sa mère de ses exactions. La maturité énorme - pour son jeune âge - accordé par MIANO à son personnage lui semble excessive.
Ces 2 livres ont été unanimement conseillé par les chroniqueurs de "Palabres autour des arts", et ceci n’est pas une surprise me direz-vous car parfois - mais parfois seulement - la popularité des auteurs correspond réellement à une qualité littéraire d’exception.
Avec MIANO et MABANCKOU nous avons une chance de fou !

Prochaine soirée "Palabres autour des arts", le 31 janvier 2012 sur le thème "Le Sexe ou le sens de la vie".
A suivre !!