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Brazza ville morte

mercredi 28 décembre 2005, par Dridjo

C’est fou comment l’histoire de chacun peut changer la vision de choses. Tous ceux que je connais, qui ont eu l’occasion de voir Brazzaville juste après la guerre de 97-98 ; une ville striée de stigmates d’obus, de balle ; n’ont eu de cesse de me dire que la ville avait été reconstruite, qu’elle avait embellie, qu’elle avait retrouvé son pimpant d’antan.
Es-ce qu’une coupure de 10 ans m’a préparé inconsciemment à un spectacle de désolation total, de ruine ? Mais là, mon retour me laisse sur un sentiment mitigé.

La ville n’a pas bougé d’un pouce. Les rues sont toujours aussi sales et boueuses, les maisons inachevées continuent à joncher les rues, les bâtiments publiques sont toujours les même en plus décrépis et délabrés. Seules certaines maisons estampillées « possession de politiques » ou « possession de famille au pouvoir » ont fait leur apparition. De par leur taille et leur luxe impressionnant, elles montrent à quel point les guerres creusent le fossé social entre les très nantis et la population.

Je comprends mieux ceux qui viennent en vacance et chantent les louanges d’un pays où « il fait bon vivre ». Ils viennent en vacance ayant bossé 50 heures par semaine en moyenne pour se faire un maximum d’argent de poche ; leurs parents vivent dans de luxueuses villas avec piscine ; ils roulent carrosse, de préférence des 4x4 qui se rient des nids de poules de la taille d’un cratère de météorite géante ; des poubelles qui creusent les bitume comme une rougeole le ferait sur le visage d’un nourrisson.
Ceux-là goûtent aux joies d’un pays où passer 2 heures dans un pub équivaut à dépenser une somme pouvant nourrir une famille moyenne (moyenne africaine) pendant une semaine !
Un hamburger ; qui a l’air d’avoir eu du mal à décrocher son appellation d’origine non contrôlé ; chez « Hassan Burger » nourrirait aisément une dizaine de bambins pendant deux jours. Un flan au coco ; qui vous laisse sur le flanc après des séjours prolongés aux toilettes ; de « La Mandarine » ou de chez « Sélé » ; correspond au repas de midi de nombre de casseur de pierre des carrières du Djoué.
Et j’ai parlé de moyenne africaine concernant le nombre de membre d’une famille au bled. Pour transcrire le terme « famille moyenne » du français en langues africaines il faut faire appel à des notions de « relativité d’Einstein ».
J’exagère à peine. Au bled les gens font des enfant aussi souvent qu’un auvergnat va en randonnée dans les sous-bois du Massif central. Plus que régulièrement.

Je sais qu’à l’époque les sociétés africaines faisaient beaucoup d’enfants dans l’espoir d’en voir un petit nombre d’entre eux échapper aux maladies, aux accidents ; pour un jour, devenu grand ; ils puissent assurer les vieux jours de leurs géniteurs. C’était une sorte de contribution sociale pour la retraite. Mais aujourd’hui qu’es-ce qui justifie une telle chiée de naissance !?
La durée de vie des enfants à grandement augmenté malgré le Palu, le SIDA, le choléra, …et malgré les chiffre de mortalité à la naissance qui restent à des valeurs moyenâgeuses. Ce pays donne l’impression que les enfants sont fait dans le seul et unique but de servir de caisse de retraite pour leurs parents ; d’allocation chômage pour le bataillon de frères, sœurs, cousin, nièces, tantes, …
Mais peut-être es-ce plus simple que cela. Peut-être que tout simplement ils font des enfants comme en Europe on fait un bowling le vendredi soir. Pour tromper leur ennui. Pour passer le temps.