Les seules limites sont celles que nous nous imposons

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Fidèle, je suis toujours fidèle...

2004, par Dridjo

Malheureusement pour nous très souvent nous nous reconnaissons dans « La lumière qui s’éteint » de R. Kippling. On a tendance à penser qu’il est naturel que la personne dont on est amoureux, le soit à son tour. Surtout si on va au loin et qu’avant de quitter ses pénates et son élu(e), on s’est juré fidélité et abstinence dans un délire utopique non pas dû à l’ingestion de substances plus ou moins hallucinogène et généralement gazeuses, mais certainement à cette atmosphère de départ propice à toutes les promesses, même les plus stupides !
Nous savons donc qu’un certain nombre de corsaires ont cru bon de laisser une partie de leur cœur dans leur pays d’origine avant d’aborder les côtes sénégalaises. Bien que pour certains la fidélité ne soit qu’une obligation du mental et non du physique, pour une grande majorité d’entre eux, le célibat est le pari suprême qu’il se doivent de gagner en l’honneur de la personne aimée.
Très vite donc, s’installe une nouvelle attitude qui vise à combattre la débauche à laquelle se livrent certains membres du MID. Quand une grande partie de son entourage ne cesse de parler de leur prouesse sexuelle et que l’on commence à avoir des envies de suicide sur son colocataire qui a pour hobby de vous expulser quasiment tous les jours dans le cadre de la quête pour l’intimité, il vous faut trouver quelque chose à quoi se rattacher. La trouvaille s’était de promouvoir le courrier, d’en faire un objet par lequel on montre à tous que quelqu’un à pour vous un amour quasi sacrificiel, un courrier qui s’exhibe tel un gage de réussite de sa vie amoureuse d’avant le départ. Il s’agit là évidemment de lettres d’amour et autres courriers qui suintent les bons sentiments et puent l’amour à plein nez.

La seule faiblesse de ce système est relative à l’attitude de la personne qui est restée garder les moutons. Ces pauvres âmes qui se retrouvent toutes seules livrées à elles-même et aux vautours qui n’attendaient que le départ du corsaire pour fondre sur cette proie sans défense. Ces pauvres âmes donc, faillissent bien souvent mettant ainsi à mal l’amour, l’ orgueil et surtout la fibre machiste, ou féministe, de cécosard(e)s fier(e)s de leur statut. Le problème c’est que les corsaires n’ayant pas le monopole de l’attention de cupidon et de celle de mère infidélité, leurs amours d’antan se transforment bien vite en leurs cauchemars horriblement actuels. Et les exemples de déroutes foisonnent.

Kourouma à son arrivé à Dakar dormait avec la photographie de sa dulcinée juchée sur son cœur pendant toute la nuit. Un an et demi après il ruminait avec fatalisme sur le sort qui s’acharne sur lui et le peu de patience de son amie qui l’a éjectée d’une manière infecte : rupture brutale de courrier.
Le major bien que n’étant corsaire que d’adoption, a « bénéficié » de la malédiction de manière horrible. Six mois après son départ des amis indignés lui apprenait que l’objet de ses rêves et de son Cécos attendait un petit pitchoune. Le seul problème c’est qu’il n’était pas de lui, le pitchoune.
L’ironie du sort c’est que Inzaghi, petit frère du premier à subit quasiment la même désillusion. Quasiment parce que dans son cas à lui sa moitié à mise au monde un petit bambin dix mois après son arrivée à Dakar ! Juste assez de temps pour être sûr qu’il n’aurait aucune possibilité de revendiquer la paternité du bébé.
Oser citer les Hegel, De guerre, Bob Denard et bien d’autres qui ont vue sombrer, dans un laps de temps plus ou moins important ; tous leurs espoirs de réaliser leurs rêves de convoler en juste noce avec leurs amours d’enfance.

La notion même de règle générale porte en elle le facteur d’exception. Heureux les bien-heureux qui voient leur nom cité au panthéon des hommes et femmes de paroles. La génération corsaire ainsi que tous les adoptés comptait plus de cent personnes dont plus la moitié avaient laissé femmes et parfois enfants au pays. Un seul d’entre eux selon les archives a retrouvé sa promise.
Ils roucoulent aujourd’hui dans les bétons de Trappes et ne croyez pas les journaux qui disent qu’à Trappes il n’y a que des casseurs, des rappeurs, des chômeurs et des immeubles pourris, il y a aussi un couple d’amoureux qui filent le parfait amour. Chapeau bas à Ricardo Gomez qui donne espoir à toutes les moitiés qui se retrouvent séparés aux quatre coins du monde. Chapeau bas Gomez.