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L’origine des mots 2 : Le "moundélé"

D’où vient "l’homme blanc" des Congo

mardi 3 février 2009, par Dridjo

En fait, la vérité est et restera toujours une promeneuse aux milles visages ; les locaux en pointant du doigt vers le bateau et en désignant les blancs indiquaient « les hommes qui sortent du ventre du poisson » par la phrase « mou ndélé ». Chez les Vilis, l’homme blanc se dit et se dit toujours « tchibamba » et non « moundélé ».

Dans les deux Congo, les hommes blancs sont généralement appelés « Moudélés » ou « Moundélés » ou « Modèlès » selon les accents. Et chez les cousins Wolofs (Afrique de l’Est) c’est "toubabou".
Si ce mot semble être quasiment le même dans toutes les ethnies des deux Congo c’est sûrement dû au fait qu’une large zone de cette Afrique centrale était occupée par une seule et unique tribut, Kongo dont sont dérivées nombre d’ethnies qui aujourd’hui semblent totalement indifférentes les unes par rapport aux autres.

Cependant le propos de ce mémo n’est pas de refaire pleurer sur l’histoire du peuple bantou, mais plutôt de conter encore une fois l’origine et le voyage d’un mot qui a changé de sens à cause d’un problème de (mal)audition des européens.
L’Afrique étant, paraît-il, terre de transmission orale, cette odyssée du mot « moundélé » m’est parvenue via un illustre ancien qui entre deux goulées de cacahuètes et une lampée de vin rouge me conta les tribulations que subirent le continent, en commençant par ses langues, ses mots.

Diogo Cão - encore lui - fut parmi les premiers explorateurs à longer la cote atlantique de l’Afrique.
Arrivé au large de ce qui est maintenant la république du Congo, il débarqua de son gros navire avec armes et bagages - surtout des armes d’ailleurs - et pris contact avec les autochtones.
Précisons que les autochtones dont nous parlons sont ceux aujourd’hui identifiés sous le nom ethnique de « Vilis » qui n’est qu’en fait une branche du grand Kongo.
La légende dit que les explorateurs (les colonisateurs viendront plus tard, il faut respecter la nuance historique) se rendirent compte que les autochtones parlaient d’eux en désignant leur bateau et en utilisant le mot « Moudélé ». Ils conclurent donc que c’était là l’équivalent du terme générique « noir » (nègre ne deviendra à la mode que quelque siècle plus tard) qu’eux utilisaient en parlant de leurs hôtes. Le terme « moudélé » était donc l’équivalent de « homme blanc ».

En fait, la vérité est et restera toujours une promeneuse aux milles visages, les locaux en pointant du doigt vers le bateau et en désignant les blancs indiquaient « les hommes qui sortent du ventre du poisson » par la phrase « mou ndélé ». Chez les Vilis, l’homme blanc se dit et se dit toujours « tchibamba » et non « moundélé ».
Ce sont donc ces premiers explorateurs, sûr d’avoir appris en trois coup de cuillère à pot « le dialecte tribal de la région », qui ont propagé dans d’autres ethnies - en se présentant comme tel - le mot « moundélé » comme les désignant eux, les hommes blancs.

Aujourd’hui dans une large partie de cette zone d’Afrique central constituée par les deux Congo, le mot « moundélé », avec ses différentes prononciation, est entré dans les langues et tous les considèrent comme faisant partie intégrante de leur culture ancestrale, sans se rendre compte que si son origine reste africaine - Vili - sa signification n’est dû qu’à une mauvaise interprétation du langage du corps faite par de lointains ancêtres d’occidentaux.