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Les déceptions forgent la jeunesse

mercredi 10 décembre 2003, par Dridjo

Dans la série "en amour il faut toujours un perdant..." ; les étudiants ont la fâcheuse habitude d’apporter contribution relativement importante. Il parait que la post-adolescence est la période des amours vrais, du concret qui est sensé trancher avec les tumultueuses amourettes des adolescents pubaires. On oublie trop souvent que c’est aussi une période vouée à la gloire du
râteau, de la crampe, du stop, bref de la déception amoureuse.

Un petit encart pour différencier les notions de crampes et de stop.
Les expressions "se prendre une crampe" ou se "manger une crampe" est issue du sentiment de détresse que l’on ressent quand on s’en vient le coeur plein d’espoir étaler son amour aux pieds de sa dulcinée, mais celle-ci ; ignoble traitresse ; y met un coup de pied qui vous le brise. On vient vers elle ; tel un matador dans ses plus beaux atours ; sûr de son charme et convaincu de sa future victoire et on la quitte meurtri. Imaginez les sentiments qui habitent Marion Jones, lorsque en final du 100 mètres avec un statut de super-favorite, voit ses espoirs se briser aux 60 mètres suite à une crampe qui la stoppe net !
A contrario, "se prendre un stop" se traduirait plutôt par un signe de sympathie de la future proie
qui vous fait comprendre, avant que vous ne lanciez l’assaut, que votre malgré votre bonne volonté vous ne possédez pas le catalyseur qui pourrait faire s’activer la réaction. La demoiselle use de plus ou moins de tact pour vous faire comprendre qu’elle vous vois venir et que vous feriez mieux de faire demi-tour.
"Le Sphinx" Linford Christie sait de quoi nous parlons ici. Les arbitres qui lui ont interdit de participer à la finale du 100 mètres aux championnat du monde en 1996 lui on aussi épargné l’humiliation d’une défaite écrasante. Même si dans ces moments là on n’a pas de pensée aussi positive, le fait de vous empêcher de faire votre saut à l’élastique ne veut pas dire que l’on ne vous respecte pas, mais seulement que l’on sait que l’élastique est entaillé par endroits.

Cela dit ; à Dakar il y avait à une certaine époque dans le contingent des apparentés corsaires, deux spécialistes : l’un de la crampe et l’autre du stop. Ces deux jeunes gens bien sous tous coutures, c’est à dire plutôt bien fait de leur personne, adeptes des maths et autres activités de l’esprit, friands de canulars et des bons mots, habitués à un certain succès auprès de la gent
féminine ; brèf des jeunes que rien ne préparait aux déconvenues qu’ils allaient subir et ce, pendant un temps assez conséquent.
Le cas de Tholot est digne de figurer en haut des traités de philosophie sur l’entêtement des
hommes. Comment cet être exceptionnel a-t-il bien pu consacrer quasiment deux ans de sa vie à la vaine conquête d’une donzelle au demeurant bien ordinaire !?
Vous rendez-vous compte que ce pauvre bougre est devenu une sorte de Dr Jekill et Mister Hyde ; d’un côté multipliant les conquêtes sentimentales et de l’autre revenant régulièrement à la charge auprès de cette mam’zelle qui n’avait de yeux que pour d’autres mâles. Même Pavlov n’a pas obtenu sur son chien des résultats s’approchant de l’obsession qui animât Tholot pendant près de deux ans.

Son frêre Madaka n’est pas non plus mieux lôti. Deux ans à griller toutes ses possibilités de
réussite amoureuse ; deux ans de campagne jalonné de déconvenues dans les différentes batailles, de buts manqués. Et toujours cette obstination. En Afrique on dirait de lui "qu’il a été enfermé dans une bouteille" par la jeune fille et celle-ci s’amuse à l’agiter de temps en temps pour qu’il se rende bien compte de la women-power. Ses brodequins vissés aux panuches ; il a parcouru bien des milles dans sa quête du graal : le cœur de son élue.

Que se soit dans la fournaise des étés Dakarois, ou dans les tempêtes de sables de son mois d’Avril ; les deux corniaud se retrouvent inéluctablement aux abords d’un canal malodorant pour se conter leurs malheurs, comparer leurs afflictions et essayer de refaire le monde à l’image de leur souhaits. C’est ça l’amitié, des hommes qui peuvent s’avouer l’un à l’autre sans la moindre honte qu’ils se vautrent dans le ridicule à chacune de leurs tentatives de séduction. Ils l’encouragent, se consolent l’un et l’autre de leur malheurs et se rendent toujours disponible l’un pour l’autre car ils subissent tous deux les affres de l’amour.

Au cinéma les histoires d’amours finissent bien ou tragiquement. Dans la vien normale il n’en est rien. Madaka après bien des batailles perdues finît par gagner l’essentiel, la guerre. Tel un boxeur sur un ring, il a pris les coups round après round et il a vaincu par K.O dans la dernière ligne droite.
Quand à Tholot, bien des évènements ont fini par lui montrer combien le jeu était loin d’en valoir
la chandelle et il finît comme tous ceux qui se retournent sur leur passé à se demander comment il a pu concevoir une telle passion pour quelqu’un qui était tellement loin de son idéal. Un grand
amour contrarié abouti à la haine, quand il débouche sur une totale indifférence posez vous des
questions sur l’adjectif "grand" qui lui est attribué.