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Les invasions barbares

février 2004, par Dridjo

Dans les années 70 les autorités françaises ont fais venir un certains nombres de travailleurs immigrés pour travailler dans les industries du pays notamment pour Peugeot à Montbéliard. Imaginez le choc que cela a dû être pour les populations autochtones de voir l’intrusion d’un aussi grand nombres de personnes sans qu’ils aient été préparés à cela et vous pourrez comprendre qu’ils en soit résulté certaines tensions.
La petite communauté congolaise de Dakar à vécu pire. Non seulement une horde de jeunes étudiants se sont introduit dans leur environnement sans crier garde ; mais en plus ils sont plus nombreux et très, très solidaires entre eux. Les résultats sont catastrophiques.

Quelques « anciens » ont décidés d’inviter les nouveaux à rejoindre les rangs de l’association des étudiants congolais à Dakar. Cette organisation estudiantine végète plus ou moins depuis des années par manque d’engouement. Seule une petite partie d’étudiants « anciens » s’y intéressent. Evidemment, les corsaires sont plus nombreux (86), jeunes, fougueux. Dès les premières réunions où on procède aux réélections du bureau dirigeant ; ils initient un putsch. Le mot est un peu dur car c’est vrai qu’un vote est organisé, avec bulletins secrets et tout le barda démocratique ; mais là ils instaurent un nouveau concept : la dictature du nombre.
Suite à des tractations menés dans les chambres de la cité U ils écartent les anciens des postes clefs du bureau et leur laissent des miettes à grignoter. Ils sont plus nombreux ; ont plusieurs éléments qui pensent profiter de ce genre d’association pour s’initier au rouages de la politique ou du syndicalisme. Les anciens ne font pas le poids.
A cela s’ajoutent certains incidents qui enveniment tout, comme par exemple :
Un des membres corsaires (le P.T si mes sources sont bonnes), lors d’une réunion de l’association prend la parole et ne trouve rien d’autres à dire que de décréter que « désormais un congolais, une congolaise ».
Il faut savoir que le P.T. est un membre imminent du CECOS à cette époque là et qu’ils milite pour sa paroisse.

Les « anciennes » pointées du doigts ne sont pas sourdes et n’ont pas la langue dans leur poche, la réponse fuse : « Tant que le ciel sera bleu, vous ne sortirez jamais avec une congolaise ... » (ou à peu près cela).
La jeune fille qui sort cette tirade restée célèbre dans les esprits de tous les Codakois génération 95 a simplement oubliée une chose : l’effet de groupe. Un homme entouré de plusieurs congénères dans un milieu restreint est plus bête qu’une meute d’hyènes trisomiques.
Les insultes partent de toutes parts. Les anciennes sont invectivées, huées quasiment et là tous les anciens, solidaires, prennent partie pour une des leurs.
En deux temps trois mouvements ils sont exclus de la direction de leur association. Ils choisissent alors de claquer la porte et de partir.

Le problème c’est que les choses n’en restent pas là. Il y a l’équipe de football. Toutes communautés d’étudiants d’origines africaines ; dans quelque pays que se soit ; possèdent une équipe de football. Dakar ne fait pas exception à la règle.
Les « Diables rouges » du Congo estudiantin est une équipe à la dérive. Ou plutôt une équipe qui n’a jamais quitté le port par manque d’équipage. Les rares joueurs dignes de ce nom se font tirer l’oreille pour participer aux compétitions étudiantes et seule la motivation et la passion d’un « grand » de la colonie arrivent à maintenir l’équipe hors de l’eau.
Le Capi est un personnage génial sur lequel nous reviendrons. Sachez seulement que non seulement c’est un super joueur qui a eu un parcours honnête dans le championnat national (je crois) français mais c’est aussi un docteur en mathématique , un gars très proche des jeunes et quelqu’un qui pourraient passer la journée à ne parler que de foot.
Les corsaires comptent 86 étudiants, largement de quoi trouver une équipe qui tienne la route. D’autant plus que nombre d’entre eux ont écumés les compétitions de jeune du Congo et certains auraient fait de très bons professionnels s’ils n’avaient optés pour les maths, la physique ou la chimie.

Là encore quasiment tous les anciens sont « virés » de l’équipe à l’exception du Capi et deux ou trois autres joueurs.
Les choses s’arrangeront ; les joueurs « anciens » reviendront dans l’équipe de même que les étudiants dans l’association. Mais pour le moment, c’est le malaise. La guerre est déclarée entre les deux camps et l’animosité est à son zénith.
Chacun des deux camps critique, raille, diffame à qui mieux-mieux sur les voisins et tous les nouveaux étudiants qui quitteront le Congo en direction de Dakar seront embrigadés et sommés de choisir leur camps pendant quasiment les 18 mois qui suivront. Heureusement que certains feront preuve de plus de personnalité et les efforts de tous contribueront à assainir les relations.