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Cure de Désintoxication

Vendredi 24/02/2006

vendredi 24 février 2006, par Dridjo

[...]Que c’est comme manger du piment de Cayenne en espérant que la douleur s’éteindra quand on aura dégluti. Que c’est comme un coup de fil espéré/craint qui se termine par un " bip " brutal sans que vous puissiez rappeler et qui vous hantera [...]

Le sevrage est la chose la plus difficile qui soit. Un cocaïnomane doit tout d’un coup détester, haïr ce qu’il aime par dessus - presque - tout. En tout cas par-dessus sa santé mentale.
Tous les paquets de cigarettes portent la mention " fumer tue ". Le fumeur ne le sait -il pas ? Il choisi simplement la mort à petit feu au suicide brutal du sevrage.

Lors d’un sevrage ; c’est connu ; le plus dure se sont les moments de rechute. Quand on a laissé trainer un paquet de cigarette et que l’on retombe dessus par hasard. C’est comme la mémoire qui vous revient : un nom, une adresse, un numéro ; gravé dans son subconscient qui rejaillit et dès lors c’est quasi impossible de l’effacer.
Alors le toxico reprend un shoot ; le fumeur, une taffe ; l’alcolo une lampée. Ils se disent tous " c’est sans conséquence. C’est la dernière ".

Mais nous savons tous que c’est faux. Que c’est comme manger du piment de Cayenne en espérant que la douleur s’éteindra quand on aura dégluti. C’est comme ce coup de fil espéré/craint qui se termine par un " bip " brutal sans que vous puissiez rappeler et qui vous hantera.
Que c’est comme courir les bras couvert de miel en espérant ne pas subir les assauts de l’essaim d’abeille que vous avez dérangé à 100 mètres de là.

Évidemment, fatalement, la chute est extrêmement douloureuse. La nuit ; les nuits ; qui suivent la rechute sont cauchemardesques.
La fumée de cigarette ; l’odeur de whisky vous rempli l’esprit et vous griffe l’âme. Vous avez l’impression que la poudre blanche est tout autour de vous, imprègne vos vêtements. Vous savez qu’il n’en est rien.
Vous avez envie d’arrêter de souffrir ; en fumer une petite dernière. Après tout ne vaut-il pas mieux mourir à petit feu plutôt que de subir les affres du manque sans aucune garantie de rémission ?

La seule chose qui peut vous empêcher de flancher c’est l’amour de vos proches qui vous voient dépérir et vous supplient de tourner cette page de votre vie. Et c’est aussi votre fierté, votre orgueil qui peut vous sauver. L’une des façons de tenir ferme c’est de se dire qu’il est dégradant de garde son amour à cette poudre blanche. Une bien méchante amante qui se plait à vous détruire à petit feu. Pour quoi garder son amour à cette ingrate quand tout autour de vous tellement de gens en ont besoin ? Le drogué et la drogue forment un tragique couple sado-masochiste où l’homme aime sont bourreau et l’ " interdit " jouît de sa douleur.

Moi qui n’étais ni alcoolique (pour rassurer ma mère), ni junkie (calmez-vous les amis), ni fumeur (si, si je vous assure !) ; je me sentais indigne de décrire ce combat ; de le traduire par des mots. Maintenant je crois pouvoir car mes yeux ont été ouverts. Mes yeux voient enfin une vérité ; que se résigner à mourir à petit feu n’est ni un signe de faiblesse, ni un manque de courage. C’est simplement le choix douloureux de l’inéluctable.

Plus jamais, je crois, je ne pourrais donner de pathétiques conseils pontifiants et moralistes à mes vis-à-vis. Venant de moi ; croyez-moi ; cette décision est une vraie révolution psychologique. Un vrai big-bang mental.