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De l’ouverture, de l’eccletisme que diable !

mardi 24 mai 2011, par Doszen

En matière de littérature, mon souhait – qui n’est que mon souhait – est que nous n’allions surtout pas dans le paradigme de la monoculture littéraire prôné par l’Europe en général et la France en particulier. Ce truc si particulier à la France qui veut que certains livres soient considérés comme étant de la "Littérature" – la vraie ! (sic) –, quand d’autres n’ont même pas droit à l’utilisation du mot "littérature" attribué avec prodigalité par l’intelligentsia qui détient les clefs du coffre du mieux-disant culturel, menace la littérature africaine francophone. Ne cédons surtout pas à la tentation du "évident" culturel.
Donnez aux enfants le goût de la lecture, l’envie d’aller au théâtre, d’aller voir des expos peinture, sculpture ou autre. Mettez-leur à disposition tout ce qu’il faut pour attiser leur appétit pour la culture, mais de grâce, ne les bridez pas dans un univers carcéral dicté par les faiseurs de "culture incontournable". C’est la seule façon de maintenir vivant ce feu qui couve les arts issus des cultures africaines, la seule façon de s’assurer d’une régénération permanente de l’imaginaire.

Je ne fais que hyper rarement de chroniques littéraires. Super rarement. La raison en est simple, j’ai toujours l’impression d’être juge et partie. Je sais, c’est stupide, c’est comme si Ribery n’avait pas le droit de dire à Gourcuff qu’il est nul – ou bon, ça arrive – sous prétexte que rien ne prouve qu’il soit lui-même un footballeur méga compétent. Il aurait le droit, même, de qualifier Messi de nullos. Mais avouez que ça aurait une odeur légèrement fétide.
C’est, à mon avis, parce que beaucoup d’auteurs n’appliquent pas cette philosophie que nous assistons à cette accumulation de propos bateau que l’on entend de la bouche – du clavier, du stylo – de critiques littéraires, certes parfois doués, mais surtout eux-mêmes auteurs de proses plus ou moins réussies.
En tant qu’auteur, nous savons que, parfois, les œuvres sont accouchées dans la douleur. La douleur de l’inspiration ou souffrance du portefeuille, qu’importe ce qui a conduit un auteur à exposer à la vue de tous les fruits de son imaginaire, je ne me sens jamais le courage de donner mon avis que je voudrais objectif.
Si j’aime l’œuvre, no problem, les mots enthousiastes viennent d’eux-mêmes, si j’aime moins, ou déteste franchement, là aussi les mots viennent en torrent, mais ais-je le droit de les laisser s’échapper aussi crûment sachant par expérience combien est grande la subjectivité dans les lectures que l’on peut avoir d’une œuvre ?
Je me suis vu objecter " mais justement, étant toi-même auteur tu pourrais mieux ressentir les manques "
Ben non, justement. C’est comme avec tout ce qui touche à l’artistique, quand nous sommes plongés dedans jusqu’au cou nous avons un regard forcément biaisé parce ce que "travaillé" pour apprécier une certaine forme d’art, d’écriture.
Je suis toujours atterré d’entendre les amateurs d’arts contemporains dire qu’il faille " éduquer les enfants à l’art, leur apprendre à aimer les œuvres ". Désolé mais non. Non. L’art – de mon point de vue – ne devrait qu’être instinctif, animal et donc ne pas être soumis à un quelconque apprentissage.
Je ne suis franchement pas amateur de peinture moderne et autre cubisme – j’e n’y connais absolument rien –, mais j’ai déjà eu la chance de tomber en pâmoison devant une croute – dans le sens le plus noble du terme – accrochée à un mur des salles extérieures du musée du Louvres. J’errais seul comme une âme en peine tombée là par hasard, alors que je cherchais le MacDo le plus proche – je n’ai absolument aucun sens de l’orientation –, et je n’ai pas été déçu de cette surprise faite par Apollon, aimable dieu des arts.
En littérature donc, il devrait en être de même qu’avec toute autre forme d’art, il faudrait que les "professionnels" férus de littérature et emprisonné dans leurs angles de vue littéraire, laissent aux amateurs néophytes – ou non – la liberté d’explorer les champs qui s’offrent à eux.
J’ai le frisson qui me parcourt l’échine lorsque j’entends des parents dire qu’il faille orienter les lectures de leurs rejetons pour qu’ils " sachent ce que c’est que la vraie littérature ". Putain – sauf votre respect –, c’est absolument destructeur !
Laissez-vous, laissez aux enfants, la liberté de gouter, sans brides, à tous les mets culturels qu’offrent les artistes. Que l’éclectisme règne dans la culture, le monde ne s’en portera que mieux.