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Entretien d’embauche

Lundi 24/04/2006

lundi 24 avril 2006, par Inconnu

Ça y est. J’ai replongé. Depuis maintenant 2 mois j’ai repris le balai incessant des entretiens d’embauche. Après un répit d’un an et demi je suis de retour dans la grande famille des chercheurs d’emploi. Et il faut dire que jamais je n’aurais crû que les choses soient en même temps si différentes et si égales à elles-mêmes par rapport à l’époque.

Au sortir de ma formation universitaire j’ai eu droit à tous les entretiens les plus pourris que l’on puisse avoir. J’ai tellement rencontré d’incompétence, de mauvaise foi, de condescendance, de racisme (le mot est lâché !) ; auprès des recruteurs et autres RH ; que j’ai fini par croire que ces deux professions étaient définitivement maudites. N’eût été mon objectivité légendaire (mais si, mais si …) que j’ai réussi à conserver, j’aurais certainement mis dans le même panier à crabe tous ces RH honnêtes qui ne m’ont pas ouverts les portes de leurs entreprises car d’autres candidats présentaient des profils mieux adaptés que le mien, qu’ils répondaient mieux aux attentes ou simplement parce que je m’étais " ramassé " comme une merde d’éléphant lors de certaines entrevues de sélection.
J’ai encore des souvenirs mémorables de " gamelles " vécu de par ma propre impréparation ; de par un stress incontrôlé (le stress à bon dos de servir d’alibi à nos échecs).
Mais je me rappelle aussi d’autres rencontres ahurissantes :

    1. " […] Et s’agissant de votre niveau parlé et écrit en français, il n’ y a pas de soucis ? Vous vous débrouillez bien ? " Je vous jure qu’une chargée de recrutement, la quarantaine distingué, à osée poser cette question à un candidat Bac+5, auvergnat, diplômé de Pau et candidatant pour un emploi de technicien B.E. …
    P.. !! J’aurais été moins basané avec des yeux bleus jamais je n’aurais eu droit à ce genre de questions !!
    2. " […] Ha, … et vous êtes bien sûr que c’est bien vous Mr X, Y ? "
    A la décharge de celui-là, c’est qu’il m’avait convoqué grâce, ou à cause, d’un CV qui ne mentionnait que mes 2 prénoms chrétiens, omettant (quel étourdi !) le nom africain quelque peu … dure à prononcer dont m’ont affublé mes parents.
    Ensuite, son pauvre assistant n’avait pu " identifier " mon origine après les 45 minutes d’entretien téléphonique qu’il m’avait fait passer. C’est le mérite d’avoir enchainé 2 ans de missions pourries (le plus souvent) et très mal payées (systématiquement) en télémarketing : ça " lisse " votre accent blédard.

    Mais le miel dans la voix et le fait qu’au téléphone le contact ait été très positif ne m’ont pas épargné les dix minutes d’entretien bien fait et vite fait où j’ai à peine eu le mérite de glisser mon niveau d’étude lors du monologue de mon vis-à-vis avant de l’entendre conclure " […] Malheureusement nous cherchons qu’un qui aurait un background en mécanique beaucoup plus important. Désolé mais vous ne ferez pas l’affaire ".
    Hé ; du con ! Mon Cv que tu as dans la main depuis 2 semaines et qui stipule que j’ai fait de la chimie ; il te sert à quoi ? A te torcher !?

    3. …

Je vous épargne l’énumération longue et fastidieuse de moments les plus folkloriques de ma recherche d’emploi car très vite j’ai arrêté de faire des CV en " omettant " mon patronyme (j’avais même tendance à en rajouter dans l’africanisation de mon nom) ; et j’ai commencé à préciser systématiquement à mes correspondant téléphonique " […] Je suis d’origine africaine ". Certains l’on ressenti de manière agressive mais je me suis rendu compte que ça faisait gagner un temps fou à tout le monde.

Aujourd’hui la situation est autre. Ou presque. D’abord parce que j’ai définitivement opté pour mon nom entier sur mon CV ; nom qui est loin des traditionnels " Dupond " ou " Durand ". Mais bon, là je dirais que je n’ai aucun mérite de courage ; c’est simplement qu’aujourd’hui chômeur indemnisé par les ASSEDIC je n’aurais pas à cumuler des jobs de survivance qui vous " bouffent " votre temps de recherche et vous obligent à essayer de changer les cons au moindre entretien d’embauche.
D’autre part, avoir une petite expérience professionnelle à vendre et accepter une rémunération inférieure à celle qu’un compatriote blanc aux yeux bleus (ou vert, ça marche aussi. Pas de racisme anti-yeux ici !!) aurait demandé, ça vous booste une candidature pour un poste destiné initialement à un débutant.

Ensuite une chose est certaine. Depuis prêt d’un an, au travers d’évènements plus ou moins médiatique (rôle " positif " de la colonisation ; émeute en banlieues françaises ; …) on a réussi grâce à ce matraquage médiatique à faire comprendre à certains " babtous " et autres " renois " qu’en fin de compte des ingénieurs, des cadres commerciaux, etc.… originaire de cet " ailleurs " tant méprisé ne sont pas d’espèces de chimères issues des esprits d’extrémistes de gauche alter mondialistes. Depuis quelques mois la France à vu que le salut des enfants d’immigrés (ou d’immigrés eux-même) n’était pas exclusivement dans des emploi d’éboueurs, de plongeur (je parle de vaisselle), de vigile ou de garde malade.
A mon grand étonnement ; je dois l’avouer ; les différents interlocuteurs que j’ai rencontrés ces 2 derniers mois m’ont rarement donné l’impression d’être choqué, refroidit par mon héritage épidermique. Et si j’ai reçu des rebuffades sur mes candidatures (ben oui, sinon je ne chercherais plus !), on m’a jusqu’ici toujours donné des raisons objectives aux refus. Du moins a-t-on toujours pris le soin d’en chercher un, et de trouver la petite bête difficile à réfuter et qui s’opposait à mon embauche.
Croyez-moi, forcer un raciste (si c’est le cas) à se creuser le cerveau pour vous donner une raison objective à votre non-acceptation ; le forcer à ne pas vous " jeter " tel une vielle lingette au bout de 10 minutes d’un " entretien de recrutement " insultant … c’est déjà une grande victoire. Une bataille acquise en attendant que la guerre le soit aussi.