Les seules limites sont celles que nous nous imposons

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La différence

Lundi 07/11/2005

lundi 7 novembre 2005, par Dridjo

En gros, nous disons tous : "je veux crier ma différence à la face du monde"... Du moment que tous les autres me ressemblent.

La différence. Voilà bien une notion qui mérite que l’on s’attarde dessus. Si la SOFRES, BVA ou IPSOS interrogeaient un échantillon de 10000 personnes à travers le monde, gageons qu’à la question " voudriez-vous être différent des autres " , 80% d’entre nous diraient " Yes of course ". Intrinsèquement nous voudrions être différent.
Nous courrons après l’originalité, le " petit quelque chose " qui fait la différence ; la marginalité enviée avec plus ou moins de conviction ; plus ou moins de réussite.

Il suffit de voir à quel point une dame enrage d’être vêtue de la même robe moulante bleue (celle avec des froufrous sur l’épaule gauche) au cocktail offert par le dernier jet-setteur à la mode pour se faire une idée de la catastrophe nationale que vous venez de déclencher (ben oui, c’est vous qui lui avez dit qu’elle était jolie dans cette robe).
Il suffit de voir ce cadre dynamique pourtant en apparence si sage, se délester allègrement de 50K€ pour la dernière BMW1 220 chevaux contre celle à 130 chevaux que son péquenot de beau-frère (Gaston celui qui raffole de l’apéro rillettes-Chablis de 9H … du matin !) à eu le front de s’offrir simplement pour faire comme lui.

Si à la place de la jet-seteuse nous avions une traine-savate des nuits chaudes de château rouge nous parlerions bien entendu de sa perruque verte fluorescente, tellement " faschion-tendance " qu’elle est la seule à l’arborer.
Et si nous sommes plus accoutumé au macro du boulevard Strasbourg-saint-denis qu’au scintillant " CAC40-men " ; nous nous contenterions de constater avec une stupeur désabusée que certaines personnes se trouvent très à leur avantage affublées d’un pantalon vert-pomme surmonté d’une chemise rose, laquelle est " mise en valeur " par une veste mauve à paillette et une cravate vert-jaune-rouge couleur de l’Afrique. On n’oubliera pas le détail qui tue : la chaussette bleue striée de rose (admirez le synchronisme chaussette-chemise) ! !

Nous aspirons tous à cela. La différence. Seule les limites fixées par notre sens du ridicule nous empêchent de franchir certaines frontières.
Mais c’est connu ; seul le buveur peut définir ses limites. Le souci c’est qu’en général, lorsque l’on se retrouve dans le coma éthylique, il est très difficile de se souvenir à quel moment on a commencé à régurgiter les morceau de tripes de porc du repas de midi ; à quelle heure on a perdu le contrôle de son sphincter ; à partir de quand on s’est persuadé qu’une sérénade devant la porte de sa jolie voisine vous permettrait d’obtenir enfin l’assentiment de son père (ancien para de la légion étrangère).

Mais ne soyons pas dupe. L’aspiration à la différence nous ne la voulons que pour nous même. Pas pour les autres. En nous est enfoui la graine de la xénophobie aussi profondément que peut l’être le sexe d’un étalon irlandais sous viagra dans les entrailles d’une jument retraitée d’une maison clause.
Sous toutes les latitudes nous avons peur de ce qui ne ressemble pas à notre père, à notre sœur, à notre voisin.

  • Pourquoi celui-là porte-t-il ces espèces de gros jeans informes ? Il cache sûrement une batte faite en marijuana norvégien.
  • C’est quoi cette musique de fou qu’écoute ce gars au teint délavé ; Deep Purple  ! ! ? Encore un sataniste explosé à l’ecstasy.
  • Qu’es-ce que c’est que cette histoire de manger du singe ! ! ? Ces vrais que se sont des sauvages qui ne respectent pas la vie de nos cousins Darwiniens.
  • Il existe donc des êtres humains qui ne savent pas danser le zouk-sensuel, la salsa-érotique ou le Koï-binko ! ? Non, évidemment. Tu as raison. Il y a sûrement eu un raté dans leur évolution qui les a privée du gène du "déhanché langoureux".

Dans tous les cas si cet autre ne ressemble pas, en tous points, à mon frère ou au fils de mon arrière grand-tante au 2nd degré ; c’est qu’il a des choses à cacher. Il n’est pas vraiment tout à fait humain puisque les humains ressemblent à mes proches et à moi-même. Vivre
trop près de lui va sûrement pervertir notre si magnifique façon de pleurer ; nos admirables raisons de rigoler ; notre unique moyen imaginable de concevoir le bonheur ; notre seule et " logique " façon de nous aimer.

En gros, nous disons tous : "je veux crier ma différence à la face du monde".
Du moment que tous les autres me ressemblent.