Les seules limites sont celles que nous nous imposons

Accueil > Mon côté fun > Narcisse > Le mensonge

Le mensonge

Un ami qui vous veut du bien

jeudi 27 mars 2008, par Dridjo

Je vous ai inspiré quand à cette voisine pipelette vous avez dit « j’ai un œuf sur le feu qui va brûler », avant de vous éloigner en murmurant « pff… quelle chieuse ! ». Les relations de bons voisinages ne seraient pas ce qu’ils sont si je ne venais pas régulièrement huiler les rouages.

Quel destin bizarre. Je repousse tout le monde. Les gens parlent de moi avec dédain, dégoût. «  Qui !? Lui ? Jamais !  »
Que vous m’attribuiez à quelqu’un ou que quelqu’un disent de vous que vous traîniez avec moi, je reste désespérément honni par vous. Et pourtant. Pourtant vous ne pouvez vous empêcher de vous faire accompagner de moi dans vos vies. Et pourtant vous faites appel à moi si souvent, et si souvent je vous sers, je vous sauve. Vous êtes des amis bien ingrats.

• Je vous ai inspiré quand, à cette voisine pipelette, vous avez dit « j’ai un œuf sur le feu qui va brûler », avant de vous éloigner en murmurant « pff… quelle chieuse ! ». Les relations de bons voisinages ne seraient pas ce qu’ils sont si je ne venais pas régulièrement en huiler les rouages.
• Vous ne vouliez pas perdre la face devant cet ex rencontré dans le hasard d’un hypermarché, alors je vous ais soufflé un « non, j’ai préféré repousser mon mariage car en ce moment ma carrière professionnelle est en plein essor. Nous avons décidé dernièrement avec ma (mon) compagn(on)e d’avorter afin d’attendre un moment plus propice ». Je n’étais pas responsable du complexe que suscitait en vous son mariage heureux et ses trois enfants.
• Je suis à l’origine de ce « bien sûr que nous sommes capable de le faire », qui vous a valu un contrat en or de la part de votre client anxieux en quête de réconfort. Bien que je soupçonne que son subconscient l’ait prévenu de mon intervention, il a fait semblant d’ignorer ma présence. Je crois que je lui rendais service à lui aussi.
• Qui d’autre pourrait vous faire dire quotidiennement le « tu es toujours aussi belle » que vous lancez à votre moitié après 20 ans de mariage, sachant que les années qui ont sillonné son corps de rides et de vergetures démentent vigoureusement cette affirmation. La paix dans le ménage vaut bien mon intervention.
• C’est de moi que vient le « je vous écouterais, je ne vous trahirais pas » que vous serinez à vos futurs électeurs alors même que vos plans contredisent ces paroles. A votre décharge, votre oreille en permanence collé à votre téléphone pendant que vous dites ces paroles n’a pas eu l’air de troubler vos ouailles. Je leurs ai prêté les œillères, mais ils ont volontairement choisi de les porter.
• Comme mère ou père de famille, je vous ai fait dire « si mes enfants sont devenus des ingrats, des manipulateurs, des paresseux ou des intrigants dangereux, c’est la faute de la société », car vous ne pouviez vous avouer à vous-même, et aux autres, que vous étiez nul dans l’éducation de vos rejetons.

Et malgré tous ses services, en dépit de toutes mes interventions que vous réclamez, vous continuez à me traiter de « vil concept ». Je ne suis pourtant pas responsable quand vous faites appel à moi trop souvent, quand vous bâtissez votre vie via moi, quand vous utilisez mes mots pour ensuite penser « mais qu’est-ce qui m’a pris de dire ça… ? ».
Vous avez honte de moi, jamais un mot gentil à mon égard, jamais un merci, toujours des récriminations contre moi. Mais prenez deux minutes pour penser à ceci : de serviteur dévoué, humble et diligent vous faites de moi un maître autoritaire, omniprésent et stressant. C’est pourtant votre choix de me placer là où je suis, pas le mien. Alors pourquoi m’attribuer les conséquences de maux dont vous êtes responsable ?!

27/03/2008