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Mes illusions

Mercredi 14/02/2006

mardi 14 février 2006, par Dridjo

A la veille de mon intronisation à la caste des trentenaires désabusés, je ne cesse de me retourner sur ma vie me demandant quand et comment j’ai pu perdre la meilleur partie de moi-même : mes illusions.

A la veille de mon intronisation à la caste des trentenaires désabusés, je ne cesse de me retourner sur ma vie me demandant quand et comment j’ai pu perdre la meilleur partie de moi-même : mes illusions.
Plus jeunes nous avons tous eu en nous trois personnalités dont l’importance dans nos vies était plus ou moins prépondérante.
Il y a le pragmatique, le romantique et l’utopiste. Lors de notre périple dans le labyrinthe de la vie, la croissance de chacun de ces trois « nous » se fait de manière incontrôlée. En fonction de la nature, de l’intensité des coups de boutoir de l’existence ; un de ces « nous » risque de phagocyter les deux autres et occuper une place trop importante en nous.

Moi je sais avoir perdu mes illusions car mon « moi » utopique a été réduit à sa plus simple expression.
Mon moi « utopique » a vu des gens qui faisaient son admiration de par la force de leur honnêteté craquer et rejoindre les rangs de la masse corrompue. Un robinet qui fuit dans le désert, où tous les indélicats vont se servir ; un jour on fini par mettre son gobelet sous le flot quitte à assoiffer encore plus le Bonsaï qui se meurt dessous.

« Utopique » a vu de bons maris, des pères de famille exemplaires ; soudain se jeter à corps perdu dans la mer rouge-infidélité , dans le lac Victoria-polygamie, dans le fleuve Nil-indignité ; et se délecter du lucre de leur nouvelle vie accompagné d’un banc frétillant de post-adolescentes. Comment « Utopique » aurait-il pu survivre ?
Ce voisin qui servait de « Nzonzi » (juge, conciliateur) à toutes les réunions de réconciliation de couple ; à toutes les interventions auprès de pères déserteurs ; tous les jours passe devant les grilles de sa concession en faisant un petit signe de la main à ses enfants : « salut les enfants, ça va ? Je vais au bout de la rue prendre des croissants pour le petit dej. Passez le bonjour à votre mère pour moi » .
Abandonnés, affamés, les yeux de enfants suivent de leur haine cette jeunette, ex masseuse de charme, responsable de la déchéance de leur mère ; de la désertion de leur père. C’est d’autant plus facile que le dit père a poussé l’indécence jusqu’à s’installer avec sa donzelle juste au bout de la rue. A l’opposé de la boulangerie.

Les illusions ont fuit le corps d’ « utopie » comme le sang fuirait celui d’un hémophile privé de transfusion en découvrant à qui est réellement destinée la maxime sous le joug de laquelle a été battit mon éducation :

LibertéEgalitéFraternité

Liberté de choisir entre la survie et la survivance. Liberté de choisir de soulever des parpaings ou des colis postaux contre un salaire de misère. Liberté de choisir entre une pizzéria et du gardiennage quand on a un projet de création d’entreprise. Liberté de choisir entre un C.A.P de coiffeuse-champouineuse et un B.E.P de coffreur-carreleur.

Egalité dans les devoirs dû à la république, à défaut des droits qu’elle est sensée nous devoir. Egalité entre minorité dans l’attribution de cages à poule des quartiers défavorisés qui un jour réhabilité ; Inch Allah ; vous pousseront à déguerpir et vous serez prié d’intégrer un ghetto encore plus « pété » car les loyers auront augmentés exponentiellement aux couches de peinture des façades jadis craquelées.

Fraternité réclamée, exigée à tous dans l’acquittement des impôts de la république mais décriée et honni par « la France d’en haut » quand les avantages sociaux sonnants et trébuchants échoient aux minorités basanées. Fraternité entre les laissé-pour-comptes de toutes les couleurs dan les banlieues hexagonales ; victimes de discriminations « quartiétales » en tout genre. Fraternité du communautarisme imposé par l’indifférence des instances gouvernantes ; 100% responsables de fait des excès du repli sur soi.

L’utopie est morte en moi ; le romantisme est moribond et le pragmatisme triomphe. Voila le fruit de la société du 21e siècle. Le portrait-robot de « l’avenir du monde » : jeunesse pessimiste et désespérée ; ou inconsciente et insouciante.
Voila le choix que nos pères nous ont laissé et que nous acceptons sans le moindre signe de révolte.

Messages

  • AH !J’aime ce texte.
    je suis d’accord avec l’argumentation mais je m’inscris complétement en faux contre la conclusion que tu en tires.
    En effet, lorsque nous sommes enfants nous nous construisons dans la dépendance.Donc fatalement toutes nos aspirations dépendent de ce qui nous entoure.Or par essence le monde est plus souvent mauvais que bon.Donc il semblerait à première vue que nous soyons condamnés a perdre ce que tu appelles notre utopie et notre romantisme.

    Sauf que pour moi, la croissance d’un humain suppose le passage de la dépendance à l’indépendance.
    Lorsque cette phase est accomplie nos aspirations ne dépendent plus de ce qui nous entoure.Elles ne dépendent plus de ce que nous avons vu ou de ce que nous voyons.
    Elles dépendent uniquement de ce en quoi nous croyons.
    Dès lors la survie de notre utopie et de notre romantisme ne dépend plus de ce que nous expérimentons mais uniquement de nos convictions profondes en d’autre terme, de ce que nous décidons de croire.
    Ainsi la fatalité apparente de la condition humaine se transforme en libre arbitre.

    On peut alors soulever cette question :
    Sommes nous réellement libre de ce que nous décidons de croire ?
    Mais c’est un autre débat passionnant !

    Voir en ligne : http://www.ekila.unblog.fr