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Spleen

Mercredi 08/02/2006

mercredi 8 février 2006, par Dridjo

Il y a des jours où vous voudriez botter le cul à tout le monde. A tous les consolateurs, les personnes bien intentionnées ; tous ceux qui vous abreuvent de bonnes paroles sur votre vie où « tout va bien ». Tous ceux qui font un bilan de votre existence à votre place et vous balancent un « tu ne devrais pas te plaindre. Y’en a qui n’ont pas ce que tu as » ; plein d’assurance.
Je commence à croire que la vie ; selon certains ; est une espèce de course dont le but n’est pas de gagner, de franchir la ligne en vainqueur ; mais simplement d’éviter de se faire rattraper par tous ceux qui font la course derrière soi, tous ceux qui sont moins bien lotie.

« Tu as un bon boulot, une bonne situation, la santé ; tu devrais être heureux de ce que tu possède ».
« Tu as raison. Mais moi je ressens un manque, un trou, un vide qui met mon âme en résonance avec le triste son d’un jazzman de la nouvel Orléans au lendemain de Katrina. Je ne suis pas bien »

Et là ; après les récriminations, les reproches devant votre manque de reconnaissance face aux bienfaits de la vie à votre égard ; la sentence tombe sans aucune possibilité d’appel, telle une antique cours martiale du Ku Klux Klan :

« Il te manque une femme (un homme) pour être équilibré dans ta vie ». Autrement dit ton mal-être sera balayé par la brosse à reluire d’une poupée gonflable pour la modique somme correspondant au montant de la dote. Ou encore que ton spleen disparaitra grâce à la puissante aura machiste d’un tiroir caisse qui se gratte les couilles devant un PSG-OM une Heineken à la main. Et ça s’appelle un mari parait-il.

« Fais un enfant. Les enfants ça te pose un homme (une femme) ». Oui ; ça c’est un remède de cheval ! Faire un gosse geignard qui va réduire mes douces nuits réparatrices en leur portion congrue va surement régler ma crise existentielle.

« Tu devrais te consacre aux autres. Ça donnera un sens à ta vie. » Ca s’appelle combattre le mal par le mal. Tu ne vas pas bien alors plonge allègrement dans la fange des malheurs des petits Talibés, des SDF, des enfant-guerriers, des junkies, … Tu en ressortira ragaillardi et plein d’enthousiasme !!
Hé, c’était de l’humour…

Je m’arrache les cheveux devant tant de banalité, la trivialité dégoulinante de ceux qui donnent des réponses formatées à votre sentiment d’inaccompli, d’appétit inassouvi. On en vient vite à penser que la meilleur, la seule réponse qui tende un tant soi peu vers le vrai est :
« Je n’ai pas de réponse p’tit. Il y en a qui cherchent toute leur vie et passent à côté de la réponse. Ceux qui l’ont trouvé disent qu’ils se sont rendus compte un jour, comme ça, qu’ils l’avaient trouvé.
Ils ne se rappellent en général pas quel était l’acte, le mot décisif qu’ils ont réalisé ou dit ; pas plus que où et quand ils l’ont fait. Ça leur est tombé dessus comme ça. Alors ouvre bien grand les yeux, les oreilles, le cœur ; et espère. »